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Sur Hermas : un cycle de formation avec Mgr Masson dans le cadre de la “Nouvelle Evangélisation”

La crise du monde occidental moderne est, premièrement, fondamentalement, essentiellement, une crise de l’intelligence. Une intelligence qui a divorcé avec son objet : l’être, le vrai, le bien, auxquels elle préfère désormais les subjectivités de l’opinion, du désir ou de la sincérité, et les séductions commodes et réductrices de l’idéologie.

La crise du monde occidental moderne est, secondairement, mais par un effet nécessaire, une crise de la morale. Privé de repère objectif, de raison d’être et de sens universel, le comportement humain est livré aux arbitraires de consciences non rectifiées, qui trouvent dans l’émancipation de tout bien de nature la condition même de leurs libertés, commandées par la seule poursuite aléatoire de biens utiles ou délectables.

Relativisme philosophique, relativisme éthique. La question est toujours d’actualité, constamment soulignée par le Pape Benoît XVI.

Le christianisme a subi cette crise de plein fouet, jusqu’à entrer profondément en crise lui-même. Au point que le Pape Paul VI, alarmé, a pu exprimer en 1972 « le sentiment que, par quelques fissures, la fumée de Satan est entrée dans le Peuple de Dieu. Nous voyons le doute, l'incertitude, la problématique, l'inquiétude, l'insatisfaction, l'affrontement ». Relativisme théologique, relativisme ecclésiologique, relativisme historique, relativisme liturgique, relativisme moral aussi. Perte du sens du sacré, perte du sens de l’adoration, perte du sens de la prière, perte du sens du péché, perte de la pratique religieuse, perte des vocations, pertes aux innombrables déclinaisons, qui sont autant de pertes du sens de l’être ou de l’Etre, de Dieu même.


Puis vint le Pape Jean-Paul II, avec son infatigable force, paternelle et rassurance, son génie propre, son enracinement théologal inébranlable, et ce formidable levier spirituel qu’il a apporté avec les Journées mondiales de la jeunesse, lesquelles ont rassemblé, si l’on s’en souvient, jusqu’à cinq millions de personnes à Manille en 1995. Ce Pape a redonné confiance aux fidèles, et spécialement aux jeunes : « N’ayez pas peur ! Ouvrez toutes grandes les portes de l’espérance ! ». Alors beaucoup de timidités sont tombées, et le Saint-Père a envoyé l’Eglise toute entière en mission pour une Nouvelle Evangélisation, au-dedans et au-dehors, notamment par la Lettre apostolique “Novo Millenio Ineunte”, adressée à l’épiscopat, au clergé et aux fidèles, au terme du grand Jubilé de l’an 2000 :

« A maintes reprises, j'ai répété ces dernières années l'appel à la Nouvelle Evangélisation. Je le reprends maintenant, surtout pour montrer qu'il faut raviver en nous l'élan des origines, en nous laissant pénétrer de l'ardeur de la prédication apostolique qui a suivi la Pentecôte. Nous devons revivre en nous le sentiment enflammé de Paul qui s'exclamait: “Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Évangile !”(1 Co 9,16)
» [n° 40].

Cette Nouvelle Evangélisation passe par une reconquête des intelligences, un recentrage de nos vies, de notre humanité, sur le sens de Dieu, sur le sens du sacré, le sens du vrai, le sens du bien.

Témoin pendant 42 ans de sacerdoce, principalement à Rome, de ces événements difficiles et des espérances suscitées d’abord par Jean-Paul II puis par son successeur, le Pape Benoît XVI, Mgr Jacques Masson, nous fait l’amitié de rejoindre notre équipe. Nous l’y accueillons bien volontiers et le remercions de cette collaboration.



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Voici en quels termes Mgr Masson présente ici lui-même pour nous les causes, l’objet et le contenu des interventions qui seront bientôt les siennes sur ce blog :

J’ai noté personnellement – nous écrit-il – chez mes amis et chez mes proches, une ignorance souvent profonde de leur foi, des prières. Ils m’ont demandé eux-mêmes, et notamment des couples, mariés ou futurs mariés, de compléter leur formation religieuse, en raison des lacunes de la formation qu’ils avaient reçues avant leur mariage.

A cette expérience est née en moi l’idée d’écrire, à leur intention à tous, une sorte de “catéchisme”, de leur enseigner ce qu’ils ne savaient pas, étant des chrétiens pratiquants et croyants, sans savoir précisément toujours, et de bonne foi, parce que personne ne le leur avait enseigné, ce en quoi ils croyaient. Le Pape Benoît XVI, à l’occasion des dernières fêtes de Pâques, n’a-t-il pas dû encore déplorer l’affaiblissement de la foi en la Résurrection, chez les fidèles et même chez les prêtres  ? (1)

Il fallait donc les évangéliser, les ré-évangéliser, leur réapprendre, en le précisant, en l’approfondissant, le peu qu’ils avaient reçu, par des réflexions régulières envoyées par courriel à l’occasion des temps liturgiques, des fêtes et solennités, en leur donnant les prières essentielles à leur vie chrétienne pour qu’ils puissent dire un jour comme l’Apôtre saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ».

C’est ce que je me propose de faire à présent, grâce à l’accueil bienveillant du site “Hermas”.

La première chose, c’est de donner à chaque fidèle les principales prières de l’Eglise, prières liturgiques, prières de dévotion, pour leur permettre de vivre leurs journées en union avec Dieu Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit ; de prier, comme le demandait saint Paul : « Que vous mangiez ou que vous buviez, quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu ». C’est ce qui déterminera, dans un premier temps, le rappel d’un certain nombre de ces prières, classiques, on pourrait dire fondamentales, avec l’original en langue latine, qui demeure, selon l’intention inchangée des Souverains Pontifes, la langue de l’Eglise.

Ensuite, je m’efforcerai de suivre les temps liturgiques, en les présentant, en exposant leur richesse, ce qu’ils nous révèlent du mystère de Dieu Trinité à notre égard. Les temps liturgiques (Avent, Noël, Carême, Pentecôte), mais aussi certaines solennités importantes, les fêtes de la Sainte Vierge, Annonciation, Assomption, Immaculée Conception, Notre-Dame des Sept Douleurs, les apparitions de la Sainte Vierge à Lourdes (150ème anniversaire cette année, année jubilaire !), à Fatima, le mois de Marie, le mois du Rosaire, la dévotion à Saint Joseph, le mois de Saint Joseph, etc. Bien sûr, il y sera aussi question des sacrements, en particulier de ceux de l’eucharistie, de la réconciliation, de la confession.

La base de ces réflexions et méditations sera toujours la Parole de Dieu, l’enseignement de l’Eglise, le Catéchisme de l’Eglise catholique, le Compendium du Catéchisme de l’Eglise catholique. Je voudrais, de la sorte, apporter ma petite pierre à la grande tâche de la Nouvelle Evangélisation, puisque c’est là la mission et la joie du prêtre.

L’Eglise a vécu et vit encore une crise difficile. Mais les crises sont parfois nécessaires, comme en a fait l’expérience l’enfant prodigue, avant de redécouvrir l’Amour infiniment miséricordieux de Dieu, révélé par l’incarnation de son Fils, par sa passion et sa mort, puis par sa Résurrection, qui lui a permis de dire : « J’ai vaincu le monde »… Notre prière à tous, en ce temps de Pâques, doit être celle qui a été révélée à sainte Faustine Kowalska « Jésus, j’ai confiance en Vous » :  mettre toute notre confiance dans le Christ Miséricordieux, qui lui a parlé, qui lui a révélé la Divine Miséricorde, que le Pape Jean-Paul II a voulu souligner, en faisant, précisément du deuxième Dimanche de Pâques, le Dimanche de la Divine Miséricorde.

Rome, le 14 avril 2008
Mgr Jacques Masson

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(1) Lors du Chemin de croix de 2005, le Cardinal Ratzinger, commentant la troisième chute de Jésus avait relevé : « Que peut nous dire la troisième chute de Jésus sous le poids de la croix ? Peut-être nous fait-elle penser plus généralement à la chute de l’homme, au fait que beaucoup s’éloignent du Christ, dans une dérive vers un sécularisme sans Dieu. Mais ne devons-nous pas penser également à ce que le Christ doit souffrir dans son Église elle-même ? (…) Combien de fois sa Parole est-elle déformée et galvaudée ! Quel manque de foi dans de très nombreuses théories, combien de paroles creuses ! Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! Que de manques d’attention au Sacrement de la Réconciliation, où le Christ nous attend pour nous relever de nos chutes ! Tout cela est présent dans sa passion. La trahison des disciples, la réception indigne de son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du Rédempteur, celles qui lui transpercent le Coeur. Il ne nous reste plus qu’à lui adresser, du plus profond de notre âme, ce cri : Kyrie, eleison – Seigneur, sauve-nous (cf. Mt 8, 25) ».
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Y
Très bonne initiative ! En effet, l'ignorance est peut-être un des plus grands drames de notre temps... et le démon s'en sert. La formation doit être permanente et je ne peux que vous encourager à continuer dans ce sens.In Christo +
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B
Bonne idée, cela manque à tout le monde. Merci Mgr !!!
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P
respectueux et meilleurs souvenirs. Heureux de vous retrouver ici. in XtoPhilippe.
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