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Mme Morano (encore) et les "mères porteuses", ou de la "gestation pour autrui" (sic)

Mme Nadine Morano, secrétaire d’Etat à la Famille (sic), s’est déclarée favorable à la légalisation du recours aux “mères porteuses”, appelée “gestation pour autrui” – toutes ces manipulations reçoivent une dénomination aux significations plus flatteuses.


L’instruction Donum Vitae de la Congrégation pour la Doctrine de la foi [consulter ICI], du 22 février 1987, en a donné cette définition, du moins dans la version espagnole du texte proposée sur le site du Vatican :


« Sous le nom de “mère de substitution”, cette instruction désigne :

 

« a] La femme qui porte la gestation d’un embryon, implanté dans son uterus, et qui lui est génétiquement étranger, obtenu par l’union de gamètes de “donateurs”, avec l’engagement de remettre l’enfant, immédiatement après sa naissance, à celui pour le compte de qui cette gestation a été réalisée ou conclue ;

 

« b] la femme qui porte la gestation d’un embryon à la procréation duquel elle a collaboré par le don d’un ovule qui est sien, fécondé par insémination avec le sperme d’un homme autre que son mari, avec l’engagement de remettre l’enfant, après sa naissance, à celui pour le compte de qui la gestion a été réalisée ou conclue. »

 

Mme Morano, ès qualités, y est favorable « dès lors que la femme a un vrai problème de stérilité, dès lors aussi qu'il n'y a pas de marchandage du corps ». Selon l’agence Reuters, elle aurait même indiqué, sur Radio Notre-Dame, que « si demain, (sa) nièce ou (sa) fille avaient un problème de stérilité avéré et qu'elles (lui) demandaient de porter leur enfant, franchement (elle) le ferait ».

 

On appréciera, en passant, ces propos d’un ministre du gouvernement qui se déclare disposé a réaliser ce qui est pour l’heure, jusqu’à preuve du contraire, interdit par la loi n° 94-653 du 29 juillet 1994. L'article 16-7 du code civil dispose : « Toute convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d'autrui est nulle », et la pratique à laquelle Mme Morano s’offre si généreusement est sanctionnée pénalement, par l’article 227-12 du code pénal, d’une peine de six mois d’emprisonnement et de 7.500 € d’amende.

 

On a l’impression, décidément, que plus rien n’a de sens, pas plus la loi qu’autre chose, et que l’on peut publiquement inciter à sa violation, même quand on est représentant de l’Etat, pour peu qu’on se donne un air progressiste, éclairé et humaniste. La loi interdit-elle telle pratique ? Peu importe ! cela ne dissuade pas les pouvoirs publics de prôner l’interdit. Il est vrai que cela est proposé « franchement ». L’essentiel n’est-il pas d’être sincère ? La loi existe mais c’est déjà comme si elle n’existait plus. Ce qui déjà mesure convictions et comportements possibles, c’est une loi à venir, inéluctable, qui n’existe pas encore, mais dont la substance à venir rend déjà obsolète le droit positif applicable.

 

Une commission sénatoriale vient d’ouvrir cette perspective en publiant un rapport de législation comparée [téléchargeable ici] sur cette “gestation pour autrui”. Notre chère Mme Morano n’aurait pas manqué, toujours selon l’Agence Reuters, de rappeler au micro de Radio Notre-Dame qu’elle était également, « catholique déclarée », favorable à la réforme de la législation sur l’euthanasie et au droit à l’adoption par les couples homosexuels. Nul risque que nous puissions l’oublier.

 

Rappelons, pour terminer, que l’Instruction Donum vitae, évoquée plus haut, signée en son temps par le Cardinal Jospeh Ratzinger, a évoqué directement cette question en ces termes :

 

« La maternité "de substitution" est-elle moralement licite ?

 

« Non, pour les mêmes raisons qui conduisent à refuser la fécondation artificielle hétérologue : elle est en effet contraire à l'unité du mariage et à la dignité de la procréation de la personne humaine.

 

« La maternité de substitution représente un manquement objectif aux obligations de l'amour maternel, de la fidélité conjugale et de la maternité responsable ; elle offense la dignité de l'enfant et son droit à être conçu, porté, mis au monde et éduqué par ses propres parents ; elle instaure, au détriment des familles, une division entre les éléments physiques, psychiques et moraux qui les constituent. »

 

De « franchise » à « franchise », cela nous paraît assez clair pour qui se réclame du catholicisme.

 

L’occasion nous est apportée, une fois de plus, de souligner que Mme Morano est Secrétaire d’Etat à la Famille, dans un gouvernement supposé être de droite et supposé – de ce chef – être plutôt le protecteur que le fossoyeur de cette institution. A chacun d’en juger. Il ne nous paraîtrait pas étrange que des associations catholiques engagées dans la défense de la famille militent pour obtenir la démission ou le changement du titulaire de cette charge ministérielle.

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A
Depuis l’avis du CCNE de 1984,<br /> la question de la maternité pour autrui dont nous discutons aujourd’hui perdure<br /> depuis un quart de siècle en France. Dans une approche rationnelle et<br /> responsable, on aurait pu penser que la discussion aurait dû porter sur une<br /> évaluation des risques et des bénéfices tant sur le plan individuel que<br /> collectif des différentes options que recouvrent les différentes formes de<br /> maternité pour autrui. Ces différentes options de conditions d’accès, de mise<br /> en relation, de lien génétique, d’établissement de la filiation, d’aspects<br /> financiers, de place de la gestatrice peuvent être évaluées au regard de nos<br /> droits constitutionnels de liberté individuelle, de respect de la dignité du<br /> corps humain, du droit à être soigné et des droits de l’enfant, comme cela a<br /> été fait dans la quasi-totalité des pays qui ont légiféré.<br />  <br /> Mais c’est une toute autre<br /> histoire à laquelle nous avons assisté en France. Ce n’est pas un débat<br /> rationnel qui s’éternise entre personnes aux conceptions antagonistes, c’est<br /> une incapacité à élargir le champ du débat au-delà de l’accouchement que nous<br /> imposent les opposants à la légalisation de toute forme de maternité pour<br /> autrui. Loin de tout fait étayé, dans un déni profond des expériences positives<br /> d’autres pays, c’est en fait une recherche du retour à un ordre naturel fantasmé<br /> que nous subissons. Comment est justifiée cette prohibition ? Ce serait un<br /> acte d’abandon d’un enfant par sa mère obtenu par coercition ou contre de<br /> l’argent, et cet acte aurait des conséquences dramatiques pour l’enfant ainsi<br /> né.<br />  <br />  <br /> Dans ce tableau tragique et<br /> caricatural qu’on veut nous faire croire, il est occulté beaucoup de choses. A<br /> commencer par le père. Ce qui fait le propre de l’humanité et qui la<br /> différentie de l’animal, c’est d’abord l’amour d’un couple et le désir de faire<br /> naître un enfant. Ce qui fait aussi le propre de l’humanité et qui la<br /> différentie de l’animal, c’est que ce couple, et pas seulement la mère va<br /> ensuite élever cet enfant pour lui permettre un jour d’être autonome, et lui<br /> transmettre une histoire, une part d’humanité. C’est ce qui fait le cœur de la<br /> famille et dont nous connaissons les plus graves défaillances : violences<br /> conjugales, séparation, maladies… Il s’agit là de souffrances graves et avérées<br /> et non de simples suppositions comme celles que l’on prête à la maternité pour<br /> autrui. Ce qui fait le propre de l’humanité, c’est de ne pas subir son destin<br /> et de chercher sans relâche, et même parfois maladroitement, des solutions aux<br /> problèmes de l’existence et d’augmenter notre compréhension du monde.<br />  <br /> Dans le tableau tragique que<br /> l’on nous présente, c’est la toute puissance d’un ordre naturel duquel on ne<br /> pourrait s’échapper. La femme infertile devrait rester stérile, l’avenir de<br /> l’enfant serait déterminé par la grossesse, et l’argent ne serait que source de<br /> corruption morale. Dans cet ordre naturel que l’on voudrait nous imposer, il<br /> n’y aurait pas d’alternative pour la femme entre être une mère ou devenir une<br /> putain par la soumission aux forces de l’argent.<br />  <br /> Mais nous vivons dans un<br /> monde bien plus complexe. Il existe des milliers de façons d’être une femme,<br /> des milliers de façons d’être un homme, des milliers de façons d’utiliser<br /> l’argent, des milliers de façons de vivre une grossesse. Ce qui permet de vivre<br /> en société, ce n’est pas d’obliger les gens à rentrer dans des comportements fixés<br /> par des convictions, c’est de respecter les règles qui protègent la<br /> collectivité et l’individu, à commencer par ses libertés individuelles. Car ne<br /> nous y trompons pas, ce retour à un ordre naturel fantasmé n’est rien d’autre<br /> que le rêve d’un ordre moral qui nous rappelle les sinistres époques où l’on<br /> déniait à la femme la liberté et la capacité d’exercer certaines professions,<br /> de voter ou d’avoir un compte en banque, et qu’au fond la seule vertu qu’on lui<br /> reconnaissait était d’assurer la reproduction de sa famille. Après 25 ans de<br /> chocs des représentations, il serait temps d’aborder la question de la<br /> gestation pour autrui par une approche humaniste et pragmatique, et d’en<br /> déterminer les modalités selon nos principes constitutionnels, et non<br /> simplement selon les convictions de certains. Nous disposons de l’expérience de<br /> nombreux pays qui ont su mettre en place des règles qui fonctionnent bien, et<br /> nous pouvons aussi nous appuyer sur l’expérience précieuse de 30 années de don<br /> de sperme en France par les Cecos.
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M
A l'usage des catholiqueshttp://www.catholiques-en-campagne.fr/content/view/195/57/Ne transigez pas avec la vérité !Jean-Paul II le 5 octobre 1986 aux jeunes réunis à Gerland
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