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Le 150ème anniversaire des apparitions de Lourdes (1)

INTRODUCTION

LES PAROLES DE LA SAINTE VIERGE

 

La première lecture de la Messe de la Fête de l’Immaculée Conception, dans le rite tridentin, est tirée du Livre des Proverbes (8, 22-35). Ce texte, qui fait parler la Sagesse Créatrice, m’a frappé dès mon enfance. Il me semblait entendre parler la Sainte Vierge elle-même, à laquelle ce texte semblait s’appliquer. La Bible de Jérusalem explique à propos de ce texte la raison de son utilisation dans la liturgie mariale (édition 1956, page 810, note e).


« La doctrine de la Sagesse ainsi ébauchée dans l’Ancien testament, sera reprise dans le Nouveau Testament qui lui fera accomplir un progrès nouveau et décisif en l’appliquant à la personne du Christ. Jésus est désigné comme Sagesse et sagesse de Dieu (…) ; comme la Sagesse, le Christ participe à la création et à la conservation du monde. Enfin le prologue de l’évangile de saint Jean attribue au Verbe des traits de la Sagesse créatrice (…). Ceci explique que la tradition chrétienne, depuis Saint Justin, ait reconnu le Christ dans la Sagesse de l’Ancien Testament.

 

« Par accommodation, la liturgie a appliqué le texte de Proverbes  8, 22-35, à la Vierge, collaboratrice du Rédempteur, comme la sagesse l’est du Créateur ».

 

Lisons ce beau texte en entier, car de nombreux passages s’appliquent tellement bien à Marie, qu’il me semble entendre sa voix, une voix prophétique, maternelle :

Proverbe 8

22 « Yahvé m'a créée, prémices de son œuvre, avant ses œuvres les plus anciennes.
23 Dès l'éternité je fus établie, dès le principe, avant l'origine de la terre.
24 Quand les abîmes n'étaient pas, je fus enfantée, quand n'étaient pas les sources aux eaux abondantes.
25 Avant que fussent implantées les montagnes, avant les collines, je fus enfantée;
26 avant qu'il eût fait la terre et la campagne et les premiers éléments du monde.
27 Quand il affermit les cieux, j'étais là, quand il traça un cercle à la surface de l'abîme,
28 quand il condensa les nuées d'en haut, quand se gonflèrent les sources de l'abîme,
29 quand il assigna son terme à la mer - et les eaux n'en franchiront pas le bord -, quand il traça les fondements de la terre,
30 j'étais à ses côtés comme le maître d'œuvre, je faisais ses délices, jour après jour, m'ébattant tout le temps en sa présence,
31 m'ébattant sur la surface de sa terre et trouvant mes délices parmi les enfants des hommes.
32 « Et maintenant, mes fils, écoutez-moi : Heureux ceux qui gardent mes voies!
33 Écoutez l'instruction et devenez sages, ne la méprisez pas.
34 Heureux l'homme qui m'écoute, qui veille jour après jour à mes portes pour en garder les montants!
35 Car qui me trouve trouve la vie, il obtient la faveur de Yahvé;
36 mais qui pèche contre moi blesse son âme, quiconque me hait chérit la mort. »

 

C’est, écrit bien des siècles auparavant, une anticipation du principe de la dévotion mariale énoncé par  Louis-Marie Grignon de Montfort dans son Traité de la vraie dévotion : « AD JESUM PER MARIAM », « A JESUS PAR MARIE ».


Le Nouveau Testament nous rapporte quelques paroles de Marie ; saint Luc est le seul à avoir recueilli les premières paroles de Marie, « après s’être informé soigneusement de tout depuis le début », en composant « un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui furent dès le début les témoins oculaires » (Luc 1, 1-3 pss).

 

Il n’est pas téméraire de penser que Luc, dont l’Evangile présente de nombreux points communs avec celui de saint Jean, nous disait l’illustre Monsieur Trinquet P.S.S., a reçu ce témoignage directement de Celle qui en avait été la protagoniste, Marie, la Sainte Vierge, que saint Jean avait prise chez lui, puisqu’Elle était Sa Mère, et qu’il était son fils (cf. Jean 19, 25-27), Parole du Seigneur !

 

Saint Jean, qui est le seul à donner le récit des Noces de Cana, nous donnera les premières et seules paroles de Marie, prononcées au début du ministère public de son Fils Jésus, à Cana de Galilée, précisément, où Jésus accomplit son premier SIGNE, car son « Heure n’est pas encore venue » de donner en abondance le Bon Vin de la Nouvelle Alliance, la Nouvelle et Eternelle Alliance en son Sang (Jean 2 pss, ; cf. 19, 34 : le sang et l’eau qui jaillissent du côté transpercé de Jésus).

 

LES PAROLES DE MARIE EN SAINT LUC ET EN SAINT JEAN

 

1] Annonciation

 

 « Marie dit à l’Ange : “Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’homme ?” » (Luc 1, 34).

 

Ce sont les premières paroles de Marie, que nous connaissions. Et, en utilisant l’expression « je ne connais point d’homme » alors qu’elle était « fiancée à un homme du nom de Joseph de la Maison de David » (Luc 1, 27), Marie affirme l’absence de relations conjugales comme un fait, et comme une résolution déjà prise. Elle s’est consacrée à Dieu, corps et âme. L’Ange la rassure, car l’Esprit viendra sur elle et la puissance du Très-Haut la prendra sous son ombre (cf. Luc 1,35 a) : elle sera Vierge et Mère, Mère d’un « enfant qui sera Saint et appelé Fils du Très-Haut » (Luc 1, 35b).

 

 « Marie dit alors : “Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole” »(Luc 1, 38a).


Ce sont les deuxièmes paroles de Marie. Et, à ce moment, « LE VERBE S’EST FAIT CHAIR ET IL A DEMEURE PARMI NOUS » (Jean 1, 14). C’est l’accomplissement de la prophétie d’Isaïe (7, 14), rapportée par saint Mathieu (1, 23) : « La Vierge concevra et enfantera un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, noms qui se traduit DIEU AVEC NOUS ».


2] Visitation

 

En réponse à la salutation d’Elizabeth sa cousine, auprès de laquelle elle s’est rendue, car l’Ange lui avait dit que sa parente avait elle aussi conçu, dans sa vieillesse et en était à son sixième mois, Marie répond par l’action de grâce au Seigneur, connue sous le nom de « MAGNIFICAT ».

 

Ce sont les troisièmes paroles de Marie :

Luc 1

39 En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, dans une ville de Juda.
40 Elle entra chez Zacharie et salua Élisabeth.
41 Et il advint, dès qu'Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, que l'enfant tressaillit dans son sein et Élisabeth fut remplie d'Esprit Saint.
42 Alors elle poussa un grand cri et dit : « Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein !
43 Et comment m'est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ?
44 Car, vois-tu, dès l'instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse en mon sein.
45 Oui, bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de qui lui a été dit de la part du Seigneur ! »
46 Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur,
47 et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur,
48 parce qu'il a jeté les yeux sur l'abaissement de sa servante. Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse,
49 car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom,
50 et sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent.
51 Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur superbe.
52 Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles,
53 Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides.
54 Il est venu en aide à Israël, son serviteur, se souvenant de sa miséricorde,
55 - selon qu'il l'avait annoncé à nos pères - en faveur d'Abraham et de sa postérité à jamais ! »

 

3] Jésus parmi les Docteurs

 

A l’âge de douze ans, Jésus monte pour la première fois à Jérusalem pour la fête de la Pâque (la Fête de la Pâque, il est important de le noter : sa première Pâque à Jérusalem !).

Luc 2

41 Ses parents se rendaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque.
42 Et lorsqu'il eut douze ans, ils y montèrent, comme c'était la coutume pour la fête.
43 Une fois les jours écoulés, alors qu'ils s'en retournaient, l'enfant Jésus resta à Jérusalem à l'insu de ses parents.
44 Le croyant dans la caravane, ils firent une journée de chemin, puis ils se mirent à le rechercher parmi leurs parents et connaissances.
45 Ne l'ayant pas trouvé, ils revinrent, toujours à sa recherche, à Jérusalem.
46 Et il advint, au bout de trois jours, qu'ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ;
47 et tous ceux qui l'entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses.
48 A sa vue, ils furent saisis d'émotion, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! ton père et moi, nous te cherchons, angoissés. »
49 Et il leur dit : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? »
50 Mais eux ne comprirent pas la parole qu'il venait de leur dire.

 

Ce sont les quatrièmes et dernières paroles de Marie, dans l’Evangile de Saint Luc. Notons la mention de la Fête de la Pâque, la disparition de Jésus pendant trois jours, à l’occasion de cette Fête de la Pâque, et la réponse de Jésus, retrouvé dans le Temple de Dieu, « la Maison de mon Père »..


4] Les Noces de Cana

 

Saint Jean est le seul à nous raconter ce qu’il appelle le premier « SIGNE » que Jésus accomplit, à Cana de Galilée précisément :

Jean 2
1 Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était.
2 Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples.
3 Or il n'y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé. La mère de Jésus lui dit : « Ils n'ont pas de vin. »
4 Jésus lui dit : « Que me veux-tu, femme ? Mon heure n'est pas encore arrivée. »
5 Sa mère dit aux servants : « Tout ce qu'il vous dira, faites-le. »
6 Or il y avait six jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs, et contenant chacune deux ou trois mesures.
7 Jésus leur dit : « Remplissez d'eau ces jarres. » Ils les remplirent jusqu'au bord.
8 Il leur dit : « Puisez maintenant et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent.
9 Lorsque le maître du repas eut goûté l'eau changée en vin - et il ne savait pas d'où il venait, tandis que les servants le savaient, eux qui avaient puisé l'eau - le maître du repas appelle le marié
10 et lui dit : « Tout homme sert d'abord le bon vin et, quand les gens sont ivres, le moins bon. Toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent ! »
11 Tel fut le premier des signes de Jésus, il l'accomplit à Cana de Galilée et il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui.

 

Par deux fois, Marie intervient à cette occasion. Ce sont là les dernières paroles de Marie, rapportées dans les Evangiles. Mais on ne peut pas ne pas rapprocher ses toutes dernières paroles : « Tout ce qu'il vous dira, faites-le »…, des Paroles du Père lors de la Transfiguration. On dirait que le Père, en reprenant en quelque sorte les paroles de Marie, et en disant « écoutez-le »,  indique déjà que dès le début, la Mission de Marie, c’est précisément de devenir, après son fils Jésus, la Voix de Dieu, la Voix de son Fils, Celle qui a pour Mission de nous rappeler, au long des siècles, les Paroles de Dieu, de nous conduire à son Fils, de nous présenter son Fils, comme elle l’a présenté aux Mages, et, par eux, à toutes les nations (cf Mathieu 2, 11).

 

Il est significatif, d’autre part, de noter que saint Jean rapporte aussitôt après le récit des Noces de Cana, l’épisode de la purification du Temple par Jésus, qui chasse les vendeurs du Temple, au moment de la Pâque des Juifs :

 

Jean 2

13 La Pâque des Juifs était proche et Jésus monta à Jérusalem.
14 Il trouva dans le Temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de colombes et les changeurs assis.
15 Se faisant un fouet de cordes, il les chassa tous du Temple, et les brebis et les bœufs ; il répandit la monnaie des changeurs et renversa leurs tables,
16 et aux vendeurs de colombes il dit : « Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce. »
17 Ses disciples se rappelèrent qu'il est écrit : « Le zèle pour ta maison me dévorera. »
18 Alors les Juifs prirent la parole et lui dirent : « Quel signe nous montres-tu pour agir ainsi ? »
19 Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai. »
20 Les Juifs lui dirent alors : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèveras ? »
21 Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
22 Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela, et ils crurent à l'Écriture et à la parole qu'il avait dite.

 

On voit ainsi que les paroles de Marie, rapportées par saint Luc et par saint Jean sont étroitement liées à la Mission de son Fils, qui trouve son accomplissement à l’occasion de la fête de la Pâques, et nous introduisent directement dans le Mystère du Salut, auquel Marie est liée de manière spéciale, puisqu’un glaive de douleur transpercera son âme (présentation de Jésus au Temple, prophétie de Siméon, Luc, 2, 35a).

 

Devenue notre Mère (« Voici ta Mère… voici Ton fils – Jean 19, 26-27), Marie, « pleine de grâce », sur laquelle est descendu l’Esprit Saint, que la puissance du Très-Haut prendra sous son ombre, recevra, elle aussi, le Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte, qui la consacrera alors dans sa mission et dans sa fonction de Mère, et de Mère de l’Eglise, de même qu’il a consacré les Apôtres dans la Mission que leur avait confiée Jésus.

(à suivre)

Mgr Jacques MASSON

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