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Mgr Lapierre : du péché et de la responsabilité personnelle

   Poursuivant, durant cette période estivale à faible contenu politique, notre tour d'horizon des diocèses du monde, à la recherche de paroles riches et fortes, nous vous proposons une nouvelle halte au Québec, pour lire ce texte de Mgr Lapierre, évêque de Saint-Hyacinthe (Ici - rubrique réflexion), qui doit résonner dans nos coeurs de chrétiens occidentaux.

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"Pitié pour moi, Dieu, en ta bonté.


Le mot péché n'a pas bonne presse, c'est bien connu. Il faut reconnaître qu'on a souvent criminalisé ce mot, et il est évident qu'il perd alors sa fonction libératrice et humanisante. 

La nouvelle traduction de la bible explique que « péché » est la traduction du mot grec « hamartia ». Ce terme est lui-même la traduction de trois racines hébraïques. L'une d'elle, ht', a le sens de « rater sa cible, se tromper, faillir » (Juges 20,16). L'une des conséquences d'une telle attitude est de conduire à des mécanismes d'autodestruction. Cela peut aller jusqu'à la mort individuelle ou collective s'il n'y a pas le pardon de Dieu (Exode 32,32).


Ce mot fait donc référence à une situation humaine dramatique. S'agit-il seulement d?une réalité du passé ? Évidemment non. Présentement, il ne manque pas de spécialistes de l'environnement pour nous avertir que si nous ne changeons pas nos façons de consommer, notre planète court de grands risques.   

À mon avis, cette dimension du péché est souvent occultée, on ne voit pas suffisamment que ce terme sert à diagnostiquer une réalité humaine qui peut conduite aux pires catastrophes.

Le catéchisme de l'Église catholique (no. 387) nous dit que le péché ne peut se comprendre que dans la connaissance du dessein de Dieu sur l'être humain. En dehors de cette relation, on ne peut pas saisir vraiment tout le sens de cette réalité. 

Ce mot « péché » fait donc référence à notre liberté et à notre responsabilité. Il ne suffit pas de dénoncer  des situations qui sont loin d'être idéales au plan individuel ou collectif, il faut aussi se sentir concernés.

Dans la culture que nous respirons, nous avons souvent tendance à nous voir comme des victimes plutôt que comme des partenaires responsables. Nous accusons avec raison les structures économiques d'être la cause de la pauvreté, de l'injustice, mais sommes-nous prêts à nous engager?

Il faut bien le reconnaître, nous sommes souvent inconscients de notre péché. La Bible nous montre que le niveau d'inconscience augmente même avec la gravité de la faute. David a besoin du prophète Natân pour se rendre compte de son péché (2Sam. 11-12). Il  est vrai qu'il n'avait pas seulement oublié sa prière du matin !


Il existe un lien intime entre le sens du péché et la conscience de la miséricorde de Dieu. Le psaume 50 commence avec ce verset magnifique : « Pitié pour moi, Dieu, en ta bonté, en ta grande tendresse, efface mon péché »".


+ Mgr François Lapierre p.m.é.

Evêque de Saint-Hyacinthe (Québec)


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