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Le désespoir de l'État moderne

La crise économique n’est que la partie la plus visible d’un phénomène dont le noyau est la crise de valeurs dont souffre l’Occident. Les solutions apportées au problème économique ne sont pas la solution de la crise, mais l’urgent prend le pas sur l’important. L’homme de la rue tourne ses yeux vers ceux qui dirigent l’économie, vers les politiciens, et leur demandent des solutions.

 

Un quart des espagnols sont sans travail. Ils ne peuvent satisfaire au commandement divin : tu gagneras ton pain à la sueur de ton front. Peut-être cela se produit-il parce que l’homme moderne a oublié un commandement préalable : Croissez et multipliez-vous : remplissez la terre et soumettez-la. L’État moderne, qui s’est présenté comme un ami de l’homme, a pris le contrôle de la production matérielle et lui a promis l’abondance sans effort en échange de son obéissance.

 

Après un XIXème siècle au cours duquel la Révolution libérale, violente et sanglante, n’a pu venir à bout du prestige de l’action de l’Église en faveur des défavorisés, l’État moderne cherche à empêcher celle-ci de pourvoir à certains biens et services, et il le fait avec la force de celui qui peut accabler d’impôts et non par amour de l’aumône. Déjà, personne n’a la faculté de secourir son frère sans avoir à payer pour cela des impôts. Peut-être que l’État moderne a été mû par la charité, en certaines occasions, pour agir ainsi, mais son objectif le dépasse, parce qu’il a échoué et qu’il a conduit l’homme moderne à la mélancolie et au désespoir.

 

L’objectif qui consiste à pourvoir l’homme moderne de tout ce dont il a besoin a été utilisé pour le convaincre qu’il n’avait besoin que de ce que l’État pouvait lui donner – et qui n’est jamais que d’ordre matériel. D’un autre côté, il requiert que l’organisation étatique contrôle tous les aspects de la vie : de la naissance à la fin de vie. L’État a rendu l’homme irresponsable de sa vie. Un homme irresponsable n’est pas libre, et il manque d’espérance. L’éducation devient de l’endoctrinement et la santé publique, en bien des cas, un instrument de contrôle vital. L’État pourvoit à la culture, qui tourne à la propagande. Il pourvoit au travail d’une grande partie de la population. Il pourvoit aux opportunités du commerce, et au crédit. Les Caisses d’Épargne, qui pendant des siècles ont été utilisées pour ce que nous appelons aujourd’hui les pratiques financières à portée sociale, par exemple le micro-crédit, offrent un bon exemple de la manière dont des créations humaines peuvent disparaître lorsqu’elles ne sont pas fidèles à leur objet.

 

Rubén Manso Olivar

Inspecteur de la Banque d'Espagne

Source : Alfa y Omega

29 nov. 2012, p.6

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