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Le slogan du diocèse de Nancy pour le denier de l'Eglise : provocation et vulgarité

Certains esprits chagrins s'imagineront que, décidément, nous faisons une fixation sur le diocèse de Nancy, mais il nous plairait à nous-mêmes - ô combien - de ne pas avoir occasion d'en donner l'impression.


Le diocèse de Nancy, en effet, sur son propre SITE internet, fait une promotion de ce qui est désormais appelé le "denier de l'Eglise", et qu'en d'autres temps on appelait le "denier du culte". Jusque-là, rien que de très normal, rien que de très sain. "Les dons - peut-on lire sur le site, cette fois, de la Conférence des Evêques de France - constituent l'unique source de revenus de l'Eglise puisqu'elle ne reçoit aucune subvention de l'Etat [ni du Vatican, contrairement à l'idée reçue]. Donner à l'Eglise, c'est donc soutenir sa présence et son rôle dans la société et lui donner les moyens d'accomplir sa mission". Le "denier de l'Eglise", en particulier, "est une libre participation annuelle des catholiques d'un diocèse et chacun donne selon ses possibilités (...) pour assurer la vie matérielle des prêtres et la rémunération des laïcs salariés en mission dans l'Église".


Ce qui est moins sain, et moins normal, on en conviendra, est le slogan et l'affiche utilisés pour accrocher le chaland. Qu'on en juge par la reproduction de l'affiche qui sert officiellement - nous y insistons - de support visuel à cette campagne publique du denier de l'Eglise :


denier2010


La bêtise et la vulgarité du message n'échapperont à personne, où copinent le jeu de mot débilo-sacrilège et l'invocation du diable - avec la légèreté de qui n'y croit pas. Non, non, on ne rêve pas, ce message n'est pas tiré de Charlie-Hebdo, mais bien du site du diocèse de Nancy.

 

Celui-ci [qui, au fait ?] assume pleinement la belle idée, avec de fausses précautions de langage qui fleurent bon les années soixante, quand des curés "éclairés" prêchant à leurs ouailles, leur lançaient, avant de démollir quelque chose de leur foi : "Je vais peut-être vous choquer, mais..."

 

"L’Église de France lance la campagne annuelle du denier. Marronnier oblige, nombre de médias, presse écrite comme télévision, s’en font l’écho. C’est dans ce contexte médiatisé que s’inscrit celle voulue par notre diocèse.

 

"« Voulue » car elle ne manquera pas de surprendre, susciter des commentaires, voire heurter. Ce n’est pas un « dérapage » ! Le message utilise le vocabulaire et le style de ceux que nous visons : non plus nos fidèles donateurs (leur confiance nous reste un atout), mais tous ceux parmi les jeunes foyers qui vivent aux marges de l’Église, partageant ses valeurs, de sensibilité catholique (57 % des français) mais ne franchissant qu’occasionnellement le seuil des églises : pour demander un service d’Église."

 

Et sur un document d'AFP, nous voici gratifiés de ces autres précisions, fort utiles, qui donnent toute leur dimension à la démarche "ecclésiale" :

 

"Nous nous sommes dits : situons-nous en rupture, non pas pour choquer, mais pour provoquer le débat, pour que les gens s'interrogent. Or, quel meilleur message que l'humour", demande la porte-parole du diocèse.

Si la proposition du visuel a semé le doute au diocèse, "l'un de nos laïcs, par ailleurs professeur de marketing dans l'école de commerce de Nancy, nous a convaincu de la pertinence de la démarche", raconte Françoise Penigaud.

"C'est le poids des mots : Jésus crise, il n'est pas content, il s'indigne", explique la porte-parole, qui reconnaît que "les gens en interne sont parfois choqués, mais en aucun cas on ne peut dire que nous somme blasphématoires".

 

Tout y est : le goût de provoquer, le mépris assumé des convictions froissées, le "jeunisme", l'infantilisme ["Jésus crise (sic), il n'est pas content"], le collapsus de l'apostolat dans le marketing et jusqu'à cette indécrottable conviction que la vulgarité est séductrice et, en l'occurrence, profitable. A quelle personne censée fera-t-on croire que ceux qui "vivent aux marges de l'Eglise", et qui l'ont quittée souvent à cause de sa désubstantialisation cléricale, pourront se laisser berner par cette campagne qui les prend pour des imbéciles ? Et qu'en ont-ils à faire, eux, que "Jésus pas être content" ?


Jusqu'à quand cet interminable bazar durera-t-il ? Nous n'avons que faire des "contextes médiatisés", des "coups de pub", des complexes ecclésiastiques devant le monde. Nous sommes baptisés, pas des "gens en interne", selon le jargon d'entreprise. Nous sommes des fils de Dieu qu'Il a rachetés au prix du Sang de son Fils, nous sommes tous appelés, selon les enseignements du Concile, à la sainteté. Nous voulons vivre à hauteur de cette ambition divine. Nous n'avons que faire des orientations ecclésiales données par des professeurs... de marketing ! Nous avons besoin que l'on nous ouvre des chemins de lumière, pas de retrouver dans les églises et les cures les slogans crétinisants ou les tics de ce monde dégénéré dans l'économisme et qui pèse si lourdement sur nos épaules.


Voulez-vous que nous vous aidions, nous laïcs, de notre labeur quotidien ? Marchez donc devant, en prêtres, en saints, marchez dans la crainte de Dieu, rendez vous visibles et crédibles aux yeux de tous, sans vous cacher derrière cravates, jeans ou costumes, avancez dans la sanctification de son Nom, marchez en apôtres, marchez dans le renoncement et la prière, dans l'amour de la vérité et des âmes, dans le respect de l'Eucharistie, abandonnez ces postures adolescentes, ces mièvreries qui vous tiennent encore tellement à coeur, bref, grandissez, grandissez enfin, et la contagion de ce que vous serez gagnera le monde. Alors afflueront ceux qui vous paraissent aujourd'hui si loin !

 

Evidemment, ce discours va déplaire ! Mais c'est l'expression de notre propre droit, à nous, de nous "situer en rupture", non pour choquer, ni d'ailleurs pour provoquer de débat, mais pour vous rappeler à vos devoirs, ce qui constitue un droit inaliénable des baptisés. Que l'on se représente une seconde - une seule toute petite seconde - ce que serait la réaction du Curé d'Ars s'il avait cette misérable publicité entre les mains. Est-ce  donc si difficile à imaginer ? Il est vrai que le saint curé savait, lui, ce que "diable" veut dire... et qu'il n'avait pas souci d'émarger les mêmes comptes.

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C
<br /> <br /> Je lis ce qui est écrit et je suis de moins en moins surprise de voir nos églises se vider. En quoi ce message est choquant pour l'Eglise ? Est-ce que Dieu nous a demandé d'être triste ? Quand<br /> j'ai vu cette affiche, j'ai beaucoup aimé et en tant que catholique, pratiquante mais n'aimant pas les bondieuseries, je me suis dit que celà allait rapprocher les catholiques de l'Eglise.<br /> <br /> <br /> On verra quand on fera les comptes, mais je crois que l'Eglise y gagnera de tous les côtés. Il ne faut pas oublier que la mane est tombée du ciel une fois et que depuis ça ne s'est pas reproduit<br /> ; alors, il faut bien que nos prêtres vivent.<br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> on aimerait bien savoir ce que d'autres évêques de France peuvent penser de cette pub... il y a quelque d'éclairant aussi là-dedans : le message est sensé s'adresser à des gens qui sont aux marges<br /> de l'Eglise, qui ne fréquentent pas ses sacrements et qui pourtant... partagent ses valeurs !! Qu'est-cer  que ça veut dire ? On peut partager donc les valeurs de l'Eglise sans recourir à ses<br /> sacrements, sans la fréquenter ? Mais quelles valeurs ? Si l'on renverse les choses, on a peur de comprendre. Ca veut dire que les gens qui ont concocté cette pub dans les couloirs de l'évêché de<br /> Nancy se retrouvent aussi dans ces soi-disant valeurs ? Pas étonnant que leur message publicitaire soit ça, vide d'esprit de foi.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Bonjour, il y a une chose que vous ne soulignez pas dans votre article mais qui est quand même probable. Vous citez la conférence des évêques qui définit le but du denier de l'Eglise: soutenir les<br /> prêtres et les laïcs qui agissent pour l'Eglise. Très bien. On peut supposer que cette campagne minable et les "lumières" qui l'ont pondue seront payées par ce denier que l'évêché invite à verser,<br /> non ? Rien qu'à voir ça, c'est à vous inciter d'aller ailleurs !! comme le dit un autre lecteur, autant donner à des monastères, là au moins on sait à qui on a affaire et on ne donne pas pour<br /> engraisser des parasites. Cordialement<br /> <br /> <br />
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H
<br /> navrant, hélas. Cela nous montre combien nous devons prier pour les prêtres et l'Eglise ! saint Joseph, priez pour nous !<br /> <br /> <br />
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G
<br /> vous en faites pas. Ces gens ont 30 ans de retard. ils croient toujours à leurs recettes, en s'imaginant que pour gagner des clients ou propager la foi, il faut faire de l'invention permanente dans<br /> les méthodes de communication. Dans les écoles c'est pareil. L'expérience ne leur sert à rien. Les gens les ont fui. Et ça continuera. Merci pour votre article tonique !<br /> <br /> <br />
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