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Introduction à la Sainte Ecriture (5) : La connaissance prophétique

9.- La connaissance prophétique des hagiographes


Le dernier degré de prophétie est celui que l’on rencontre le plus communément chez les auteurs sacrés. On peut cependant rencontrer, en de nombreux livres saints, des parties plus ou moins étendues où se trouvent exposées des révélations reçues par leurs auteurs sous le mode correspondant au premier ou au deuxième degré de prophétie. Il convient donc de préciser davantage ce que signifie cette connaissance prophétique et ce qu’elle ajoute à la connaissance acquise par voie naturelle et ordinaire.


Saint Thomas d'Aquin dit que cette lumière prophétique est concédée au prophète pour lui permettre de connaître et juger des choses “secundum veritatem divinam”, ou “secundum certitudinem veritatis divinae”, c’est-à-dire selon la vérité divine, ou avec la certitude de la vérité divine. La foi, comme la théologie, contemple toutes les choses d’un point de vue ou sous une raison formelle divine et surnaturelle. Semblablement, les hagiographes connaissent et jugent les choses à la haute lumière des principes divins, avec cette clarté, cette vérité et cette certitude qui leur sont naturellement attachées.


Ces principes sont pour les prophètes comme leur philosophie de l'histoire, fondée non pas sur la spéculation mais sur la connaissance surnaturelle des attributs divins : le pouvoir, la justice, la miséricorde, la bonté, la véracité de Dieu, qui ordonne toutes choses à la manifestation de son Verbe et au salut des prédestinés. Telle est, par exemple, la philosophie divine qui inspire Moïse lorsqu'il raconte l'origine des choses, l'histoire de l'humanité primitive, celle des patriarches, celle d'Israël. Telle est celle de Josué lorsqu'il nous décrit l'accomplissement des promesses divines dans la remise de la terre promise etc. C'est la même philosophie que le Seigneur expose à ses disciples sur le chemin d'Emmaüs en leur montrant, par les prophètes, à partir de Moïse, comment il était nécessaire que le Christ mourût et, par la mort, entrât dans sa gloire. C'est encore cette philosophie qu’exposait le saint Protomartyr dans son discours devant le Sanhédrin, en lequel les exégètes trop esclaves de la lettre trouvent tant de difficultés. L’Esprit saint, qui inspire les saints, est toujours le même. Il leur montre toujours les choses à la lumière de Dieu, et en toutes choses leur fait rechercher Dieu.


Cet aspect de la connaissance des choses contenues dans la Sainte Ecriture est commun aux prophètes, aux hagiographes et aux écrivains sacrés par l’illumination divine qu’ils reçoivent, mais aussi aux simples fidèles par la foi et la théologie. Il constitue en effet ce que l’on appelle l'objet formel quod (ce qui), ou bien la “raison formelle” qui est atteinte par toute connaissance surnaturelle qui porte sur Dieu et ses mystères, voire sur les créatures lorsqu’elles sont saisies dans leur relation à Dieu.


Cependant, dans la connaissance prophétique et hagiographique il existe un autre aspect, qui cette fois lui est propre, singulier, et qui constitue comme son objet formel quo (ce par quoi), à savoir la lumière divine (que l’on appelle “lumière prophétique”), par laquelle le prophète juge avec une certitude divine infaillible de la vérité des choses qu'il enseigne, par la parole ou par l’écrit, même lorsqu’il s’agit de vérités dont il a acquis la connaissance par l’exercice ordinaire de la raison, par l’enseignement, la tradition ou l’étude de livres sacrés antérieurs.


Cette lumière surnaturelle, jointe à la motion divine qui porte le prophète à écrire, c’est cela l'inspiration des Livres sacrés, en vertu de laquelle ces derniers sont tout à la fois oeuvre de Dieu - auteur principal - et oeuvre de l’hagiographe - instrument rationnel - c’est-à-dire toute entière de Dieu et toute entière de l’écrivain sacré.

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