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SAINT ANDRE APOTRE – Catéchèse du Saint-Père (14 juin 2006)

INTRODUCTION GENERALE

 

              Lors des audiences générales hebdomadaires, notre Saint-Père, le Pape Benoît XVI, développe un thème particulier de catéchèse, d’enseignement. Le 17 mai 2006, le Souverain Pontife a commencé une nouvelle série, en nous présentant la figure des Apôtres. Leur vie, leur apostolat, leur martyre. Il nous permet ainsi de mieux connaître ceux qui ont porté la Parole du Christ jusqu’aux confins du monde, comme Jésus le leur avait demandé :

« Tout pouvoir m’a été donné au Ciel et sur la terre. Allez, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mathieu 28, 18b-20).

 

              Quand il eut terminé la présentation des Apôtres, le Saint-Père continua ses Catéchèses, en choisissant de présenter ceux qui ont été les Successeurs des Apôtres les Pères de l’Eglise, qui sont peu connus de nous, et qui sont précieux car ils nous montrent comment l’Eglise a vécu et s’est développée au cours des premiers siècles ; comment elle a approfondi la Parole qui lui a été révélée par Jésus-Christ, le Verbe Incarné. Ces catéchèses permettent ainsi d’établir un lien entre l’Eglise de cette époque et l’Eglise de notre temps, et de mieux comprendre la continuité de l’enseignement de l’Eglise. Elles permettent surtout de montrer que l’Eglise est UNE tout au long des siècles : elle est bien l’Eglise de Jésus-Christ, telle qu’Il l’a voulue. Nous pouvons ainsi mieux découvrit la valeur et la force de la Tradition de l’Eglise

 

              « Hermas » se propose de vous présenter de manière « chronologique », en suivant les catéchèses du Saint-Père, ces Pères de l’Eglise, depuis Saint Clément de Rome jusque Saint Bernard de Clairvaux.

 

              Pour les Apôtres, « Hermas » a pensé qu’il serait bien de les présenter à l’occasion de leur fête liturgique, pour mieux les connaître, savoir où ils sont allés évangéliser dans le monde, et comment ils ont annoncé la Parole de Dieu, en donnant le témoignage suprême de leur foi au Christ, par le martyre.

 

              « Hermas » vous propose donc la catéchèse du Saint-Père, le Pape Benoît XVI sur Saint André que nous allons fêter dans quelques jours. La tradition grecque appelle André le Protoclet, c’est-à-dire le premier appelé des douze Apôtres.

 

 

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André, le Protoclet

 

 

 

Catéchèse du Pape Benoît XVI

 

Chers frères et soeurs,

 

Dans les deux dernières catéchèses, nous avons parlé de la figure de saint Pierre. A présent, nous voulons, dans la mesure où les sources nous le permettent, connaître d'un peu plus près également les onze autres Apôtres. C'est pourquoi nous parlons aujourd'hui du frère de Simon Pierre, saint André, qui était lui aussi l'un des Douze. La première caractéristique qui frappe chez André est son nom:  il n'est pas juif, comme on pouvait s'y attendre, mais grec, signe non négligeable d'une certaine ouverture culturelle de sa famille. Nous sommes en Galilée, où la langue et la culture grecques sont assez présentes. Dans les listes des Douze, André occupe la deuxième place, comme dans Matthieu (10, 1-4) et dans Luc (6, 13-16), ou bien la quatrième place comme dans Marc (3, 13-18) et dans les Actes (1, 13-14). Quoi qu'il en soit, il jouissait certainement d'un grand prestige au sein des premières communautés chrétiennes.

 

Le lien de sang entre Pierre et André, ainsi que l'appel commun qui leur est adressé par Jésus, apparaissent explicitement dans les Evangiles. On y lit : « Comme il [Jésus] marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac:  c'était des pêcheurs. Jésus leur dit : ‘Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes’ » (Mt 4, 18-19; Mc 1, 16-17). Dans le quatrième Evangile, nous trouvons un autre détail important:  dans un premier temps, André était le disciple de Jean Baptiste ; et cela nous montre que c'était un homme qui cherchait, qui partageait l'espérance d'Israël, qui voulait connaître de plus près la parole du Seigneur, la réalité du Seigneur présent. C'était vraiment un homme de foi et d'espérance; et il entendit Jean Baptiste un jour proclamer que Jésus était l' « Agneau de Dieu » (Jn 1, 36); il se mit alors en marche et, avec un autre disciple qui n'est pas nommé, il suivit Jésus, Celui qui était appelé par Jean « Agneau de Dieu ». L'évangéliste rapporte : « ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là » (Jn 1, 37-39). André put donc profiter de précieux moments d'intimité avec Jésus. Le récit se poursuit par une annotation significative : « André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux disciples  qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. trouve d'abord son frère Simon et lui dit : ‘Nous avons trouvé le Messie (autrement dit : le Christ)’. André amena son frère à Jésus »(Jn 1, 40-43), démontrant immédiatement un esprit apostolique peu commun. André fut donc le premier des Apôtres à être appelé à suivre Jésus. C'est précisément sur cette base que la liturgie de l'Eglise byzantine l'honore par l'appellation de Protóklitos, qui signifie précisément « premier appelé ». Et il est certain que c'est également en raison du rapport fraternel entre Pierre et André que l'Eglise de Rome et l'Eglise de Constantinople se sentent de manière particulière des Eglises-soeurs. Pour souligner cette relation, mon Prédécesseur, le Pape Paul VI, restitua en 1964 les nobles reliques de saint André, conservées jusqu'alors dans la Basilique Vaticane, à l'Evêque métropolite orthodoxe de la ville de Patras en Grèce, où selon la tradition, l'Apôtre fut crucifié.

 

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Saint André portant la croix (El Greco)

 

Les traditions évangéliques rappellent particulièrement le nom d'André en trois autres occasions, qui nous font connaître un peu plus cet homme.

 

La première est celle de la multiplication des pains en Galilée. En cette circonstance, ce fut André qui signala à Jésus la présence d'un enfant avec cinq pains d'orge et deux poissons, « bien peu de chose » - remarqua-t-il - pour toutes les personnes réunies en ce lieu (cf. Jn 6, 8-9). Le réalisme d'André en cette occasion mérite d'être souligné : il remarqua l'enfant - il avait donc déjà posé la question : « Mais qu'est-ce que cela pour tant de monde! » (ibid.) -, et il se rendit compte de l'insuffisance de ses maigres réserves. Jésus sut toutefois les faire suffire pour la multitude de personnes venues l'écouter.

 

La deuxième occasion fut à Jérusalem. En sortant de la ville, un disciple fit remarquer à Jésus le spectacle des murs puissants qui soutenaient le Temple. La réponse du Maître fut surprenante : il lui dit que de ces murs, il ne serait pas resté pierre sur pierre. André l'interrogea alors, avec Pierre, Jacques et Jean : « Dis-nous quand cela arrivera, dis-nous quel sera le signe que tout cela va finir » (Mc 13, 1-4). Pour répondre à cette question, Jésus prononça un discours important sur la destruction de Jérusalem et sur la fin du monde, en invitant ses disciples à lire avec attention les signes des temps et à rester toujours vigilants. Nous pouvons déduire de l'épisode que nous ne devons pas craindre de poser des questions à Jésus, mais que dans le même temps, nous devons être prêts à accueillir les enseignements, même surprenants et difficiles, qu'Il nous offre.

 

Dans les Evangiles, enfin, une troisième initiative d'André est rapportée. Le cadre est encore Jérusalem, peu avant la Passion. Pour la fête de Pâques - raconte Jean - quelques Grecs étaient eux aussi venus dans la ville sainte, probablement des prosélytes ou des hommes craignant Dieu, venus pour adorer le Dieu d'Israël en la fête de la Pâque. André et Philippe, les deux Apôtres aux noms grecs, servent d'interprètes et de médiateurs à ce petit groupe de Grecs auprès de Jésus. La réponse du Seigneur à leur question apparaît - comme souvent dans l'Evangile de Jean - énigmatique, mais précisément ainsi, elle se révèle riche de signification. Jésus dit aux deux disciples et, par leur intermédiaire, au monde grec : « L'heure est venue pour le Fils de l'homme d'être glorifié. En vérité, en vérité, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jn 12, 23-24). Que signifient ces paroles dans ce contexte? Jésus veut dire : Oui, ma rencontre avec les Grecs aura lieu, mais pas comme un simple et bref entretien entre moi et quelques personnes, poussées avant tout par la curiosité. Avec ma mort, comparable à la chute en terre d'un grain de blé, viendra l'heure de ma glorification. De ma mort sur la croix proviendra la grande fécondité :  le « grain de blé mort » - symbole de ma crucifixion - deviendra dans la résurrection pain de vie pour le monde; elle sera lumière pour les peuples et les cultures. Oui, la rencontre avec l'âme grecque, avec le monde grec, se réalisera à ce niveau auquel fait allusion l'épisode du grain de blé qui attire à lui les forces de la terre et du ciel et qui devient pain. En d'autres termes, Jésus prophétise l'Eglise des Grecs, l'Eglise des païens, l'Eglise du monde comme fruit de sa Pâque.

 

Des traditions très antiques voient André, qui a transmis aux Grecs cette parole, non seulement comme l'interprète de plusieurs Grecs lors de la rencontre avec Jésus que nous venons de rappeler, mais elles le considèrent comme l'Apôtre des Grecs dans les années qui suivirent la Pentecôte; elles nous font savoir qu'au cours du reste de sa vie il fut l'annonciateur et l'interprète de Jésus dans le monde grec. Pierre, son frère, de Jérusalem en passant par Antioche, parvint à Rome pour y exercer sa mission universelle ; André fut en revanche l'Apôtre du monde grec : ils apparaissent ainsi de véritables frères dans la vie comme dans la mort - une fraternité qui s'exprime symboliquement dans la relation spéciale des Sièges de Rome et de Constantinople, des Eglises véritablement soeurs.

 

Une tradition successive, comme nous l'avons mentionné, raconte la mort d'André à Patras, où il subit lui aussi le supplice de la crucifixion.

 

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Représentation du martyre de l'apôtre André

 

Cependant, au moment suprême, de manière semblable à son frère Pierre, il demanda à être placé sur une croix différente de celle de Jésus. Dans son cas, il s'agit d'une croix décussée, c'est-à-dire dont le croisement transversal est incliné, qui fut donc appelée « croix de saint André ». Voilà ce que l'Apôtre aurait dit à cette occasion, selon un antique récit (début du VI siècle) intitulé Passion d'André :

 

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Crucifixion de Saint André

 

 

« Je te salue, ô Croix, inaugurée au moyen du Corps du Christ et qui as été ornée de ses membres, comme par des perles précieuses. Avant que le Seigneur ne monte sur toi, tu inspirais une crainte terrestre. A présent, en revanche, dotée d'un amour céleste, tu es reçue comme un don. Les croyants savent, à ton égard, combien de joie tu possèdes, combien de présents tu prépares. Avec assurance et rempli de joie, je viens donc à toi, pour que toi aussi, tu me reçoives exultant comme le disciple de Celui qui fut suspendu à toi... O croix bienheureuse, qui reçus la majesté et la beauté des membres du Seigneur!... Prends-moi et porte-moi loin des hommes et rends-moi à mon Maître, afin que par ton intermédiaire me reçoive celui qui, par toi, m'a racheté. Je te salue, ô Croix; oui, en vérité, je te salue! ».

 

 

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Crucifixion de Saint André

 

 

Comme on le voit, il y a là une très profonde spiritualité chrétienne, qui voit dans la croix non pas tant un instrument de torture, mais plutôt le moyen incomparable d'une pleine assimilation au Rédempteur, au grain de blé tombé en terre. Nous devons en tirer une leçon très importante : nos croix acquièrent de la valeur si elles sont considérées et accueillies comme une partie de la Croix du Christ, si elles sont touchées par l'éclat de sa lumière. Ce n'est que par cette Croix que nos souffrances sont aussi ennoblies et acquièrent leur sens véritable.

 

Que l'Apôtre André nous enseigne donc à suivre Jésus avec promptitude (cf. Mt 4, 20; Mc 1, 18), à parler avec enthousiasme de Lui à ceux que nous rencontrons, et surtout à cultiver avec Lui une relation véritablement familière, bien conscients que ce n'est qu'en Lui que nous pouvons trouver le sens ultime de notre vie et de notre mort.

 

 

 

Le Martyre de Saint André

 

André l'Apôtre

 

Après la passion et la résurrection, André alla prêcher la foi chrétienne dans la province qui lui était échue, la Scythie d'Europe ; puis il parcourut l'Epire et la Thrace, et par sa prédication et ses miracles, convertit à Jésus-Christ une foule innombrable. Parvenu à Patras, ville d Achaïe, il y fit embrasser à beaucoup de monde la vérité de l'Evangile, et ne craignit pas de reprendre généreusement le proconsul Egée, qui résistait à la prédication évangélique, lui reprochant de vouloir être le juge des hommes, pendant que les démons le jouaient jusqu'à lui faire méconnaître le Christ Dieu, Juge de tous les hommes.

 

Egée irrité lui dit : Cesse de vanter ton Christ que de tels propos n'ont point empêché d'être crucifié par les Juifs. Et comme André néanmoins continuait de prêcher intrépidement que Jésus-Christ s'était lui-même offert à la Croix pour le salut du genre humain, Egée l'interrompt par un discours impie, et le prévient de pourvoir à son salut, en sacrifiant aux dieux. André lui dit : « Pour moi, il est un Dieu tout-puissant, seul et vrai Dieu, auquel je sacrifie tous les jours, non point les chairs des taureaux, ni le sang des boucs, mais l'Agneau sans tache immolé sur l'autel ; et tout le peuple participe à sa chair, et l'Agneau qui est sacrifié demeure entier et plein de vie ». C'est pourquoi Egée, outré de colère, le fait jeter en prison. Le peuple en eût aisément retiré son Apôtre, si celui-ci n'eût apaise la multitude, en la suppliant très ardemment de ne pas l'empêcher d'arriver à la couronne du martyre.

 

Peu après, étant amené devant le tribunal, comme il exaltait le mystère de la Croix, et reprochait encore au Proconsul son  impiété, Egée exaspéré commanda qu'on le mît en croix, pour lui faire imiter la mort du Christ. C'est alors qu'arrivé au lieu de son martyre, et voyant la croix, André s'écria de loin : « O bonne Croix qui as tiré ta gloire des membres du Seigneur, Croix longtemps désirée, ardemment aimée, cherchée sans relâche, et enfin préparée à mes ardents désirs, retire-moi d'entre les hommes, et rends-moi à mon Maître, afin que par toi me reçoive Celui qui m'a racheté par toi ». Il fut donc attaché à la croix, sur laquelle il resta deux jours, sans cesser de vivre ni de prêcher la foi de Jésus-Christ, et passa ainsi à Celui dont il avait souhaité d'imiter la mort. Les Prêtres et les Diacres d'Achaïe, qui ont écrit  sa Passion, attestent qu'ils ont vu et entendu toutes ces choses ainsi qu'ils les ont racontées. Ses ossements furent transportés d'abord à Constantinople, au temps de l'empereur Constance, et ensuite à Amalfi. Son Chef, apporté à Rome sous le pontificat de Pie II, fut placé dans la Basilique de Saint-Pierre. (cf. ci-dessus la catéchèse du Pape Benoît XVI : « le Pape Paul VI, restitua en 1964 les nobles reliques de saint André, conservées jusqu'alors dans la Basilique Vaticane, à l'Evêque métropolite orthodoxe de la ville de Patras en Grèce, où selon la tradition, l'Apôtre fut crucifié »)

 

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Saint André, Basilique Saint Pierre, Rome

 

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