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Le paradoxe du socialisme libéral

Jusqu'à quel point le socialisme libéral admet-il les droits de la propriété privée ? Quelles conséquences peut-il en résulter dans l'éducation ?


Le socialisme libéral ne laisse pas d'être paradoxal. Cette question nous intéresse spécialement à cause de ses liens immédiats avec celle du droit des parents à choisir les centres éducatifs de leurs enfants. En dehors d'honorables exceptions, tous les socialistes libéraux sont exclusivement partisans d'un enseignement d'Etat. C'est la preuve, une fois de plus, de la tendance de tout socialisme à se transformer en “étatisme”, et il est clair que le socialisme libéral n'a pas cessé de se préoccuper, en raison précisément du coefficient libéral qui l'habite, des graves difficultés que la centralisation et l'étatisme soulèvent pour la liberté des citoyens.

 

En général, les gens ne se posent guère, au sujet du socialisme libéral, que la question de savoir jusqu'à quel point il admet les droits de la propriété privée. Il s'agit bien évidemment là d'une question importante, non seulement en elle-même mais aussi par rapport aux répercussions qu'elle a sur d'autres sujets décisifs relatifs à la structure de la coexistence humaine ou à la vie civile en générale. Cependant, si le thème de la propriété privée est important, cela est dû, en dernière analyse, au fait que celle-ci constitue un instrument rendant possible l'initiative privée, étant entendu que l'initiative privée ne se limite pas à ses applications aux biens de nature matérielle.

Entrent également dans le champ de cette initiative, et de manière éminente, d'autres biens de rang supérieur : ceux qui sont l'objet de l'activité éducative, au sens le plus large et le plus essentiel. Tous sont manifestement en relation avec la dignité de la personne humaine et la liberté qui est la sienne.

Le socialisme libéral reconnaît et accepte la liberté, ainsi que la justice, mais en les concevant sous la forme de grandes idées abstraites, entièrement indéterminées, qu'en principe tous les hommes son disposés à admettre. Les divergences commencent lorsqu'il s'agit de déterminer concrètement la forme à donner à la justice et à la liberté [comme aussi à la tolérance, également entendue, au début, comme une simple entité abstraite].

A ce stade, des opinions différentes surgissent et la seule manière d'établir quelque chose de définitif est de recourir au système du vote et de respecter ce qui sort des urnes. En ce sens, le socialisme libéral est évidemment libéral. Personne ne peut le nier. Cependant, le socialisme libéral va beaucoup plus loin que le vieux libéralisme, bien qu'il soit vrai que celui-ci ait déjà contenu en germe l'extrême relativisme que nous connaissons aujourd'hui. Le vieux libéralisme reconnaissait, à sa manière, certains droits naturels qui, en tant que tels, n'étaient pas discutables. Le socialisme libéral, lui, ne les reconnaît pas. Pour lui, tout est sujet à opinion, parce qu'il n'admet pas que l'homme soit constitué d'une nature ou d'une essence qu'il peut lui-même connaître et dont dérivent des indications objectives également essentielles. Les seules exigences dont le socialisme libéral se déclare ouvertement partisan sont de caractère technique, de telle sorte que le coefficient socialiste qui existe dans cette idéologie est ainsi présenté comme un élément nécessaire d'une meilleure organisation de la société.

A proprement parler, c'est la technique socialiste de l'organisation de la société qui constitue le motif du rejet de tout enseignement qui ne serait pas celui de l'Etat. De ce point de vue, force est de constater que ce qu'on appelle le "socialisme libéral" est bien moins libéral que socialiste. En matière d'éducation, il s'agit d'un mouvement qui représente un pur et simple socialisme, sans mélange aucun de libéralisme. Même s'il fait usage de l'adjectif libéral, il s'écarte de la signification et de la valeur de ce terme au moment d'établir concrètement la manière dont l'enseignement doit être dispensé, en l'interprétant comme une mission de l'Etat et en excluant le droit de l'initiative privée à la création de centres éducatifs correspondants.

L'aveuglement sur ce sujet est incroyable dès qu'il est examiné du point de vue du simple intérêt politique. En effet, il arrive que même ceux qui se montrent partisans dudit socialisme libéral, le considèrent, néanmoins, comme effectivement libéral, au motif que ce mouvement entre dans le jeu du système des partis et se montre disposé à accepter ce qui résulte du vote. Quelle pauvre idée de la liberté ! De toute évidence, ils pensent que la respectent ceux qui n'admettent pas le droit des parents de choisir les centres éducatifs de leurs enfants.

Pensez-vous vraiment que l'on puisse être libéral et nier ce droit ? Ou bien doit-on considérer que ce droit se réfère à un sujet sans importance ou de peu d'importance ?

Nous craignons beaucoup que la discussion portant sur la pertinence des différents mouvements politiques ne soit menée sans entrer à fond dans ces questions essentielles. Nous sommes certains que la majeure partie de ceux qui parlent du socialisme libéral, sans pour autant en être partisans, ne se posent même pas la question de savoir quelle position il maintient sur ce sujet aussi grave qu'est l'éducation. L'ignorance et la confusion sont telles sur ce point que nous avons pu constater qu'un grand nombre de personnes s'imaginent que l'attitude du socialisme libéral en matière d'éducation se réduit au principe de l'égalité des chances, c'est-à-dire à quelque chose que pour l'essentiel personne ne nie à l'heure actuelle.

Cependant, une chose est l'égalité des chances, autre chose est la thèse selon laquelle l'Etat a le monopole du droit à l'éducation. Un tel monopole ne trouve pas de justification dans cette égalité. L'obligation de rendre possible à tous les citoyens l'accès à l'éducation - une obligation d'Etat, sans aucun doute - ne permet pas d'affirmer que tous les centres éducatifs doivent être étatiques. Pour résoudre les problèmes économiques implicites contenus dans le droit de tous les citoyens à être éduqués, il n'est aucunement nécessaire que les centres d'éducation soient des institutions d'Etat.

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O
<br /> <br /> « Socialisme libéral », il y a comme qui dirait une contradiction dans les termes...<br /> <br /> <br /> Sinon, entièrement d'accord avec toute la ligne de ce billet. Beaucoup de gens ignorent que liberté et propriété privée ne sont que la même idée sous deux facettes différentes.<br /> <br /> <br /> Je me demandais dans quelle mesure on pouvait être libéral et catholique ; beaucoup d'idées clés du libéralisme découle en effet du christianisme, mais il est assez difficile de voir les limites<br /> « acceptables », dans le sens où on pourrait être tenté de placer l'homme et sa liberté au premier plan absolu. Je n'ai pas encore réellement pu trancher cette question, l'enseignement de<br /> l'Église à ce sujet étant à mon goût insatisfaisant...<br /> <br /> <br /> <br />
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