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La santé robotisée !

images-copie-11.jpeg    Deux évènements surviennent à quelques jours d'intervalle, qui nous invitent à réfléchir sur la banalisation moderne de l'acte médical et sur la mise en oeuvre, en matière de médicaments, d'une logique industrielle proche de celle de la grande distribution : où le respect de l'humain - qu'il s'agisse du patient, du médecin ou du pharmacien - doit s'incliner devant l'automatisation d'une procédure de délivrance de produits ou services.

(1) L'alliance pour les droits de la vie (ICI) vient de publier un communiqué alarmant et qui n'est pas de nature à faire remonter Mme Bachelot dans notre estime. Nous citons :

"Le ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a cru bon de reprendre à son compte la revendication du Mouvement Français pour le Planning Familial de permettre la délivrance de l’avortement médicamenteux (RU 486) par les centres de planification, en incluant cette mesure dans le Projet de loi de financement de la Sécurité Sociale. L’Assemblée nationale, le 29 octobre dans la nuit, a entériné cette mesure en première lecture.

L’Alliance pour les Droits de la Vie, qui anime des services d’aide et d’écoute aux personnes confrontées à des grossesses imprévues ou difficiles, constate que l’auto-administration de l’avortement médicamenteux n’a rien d’anodin : «Les femmes doivent ingérer devant le médecin les produits qui supprimeront la vie qu’elles portent ; puis elles doivent attendre chez elles le «résultat»... Beaucoup le vivent seules avec leur douleur physique et surtout leur souffrance morale» déplore le docteur Xavier Mirabel, président de l’Alliance pour les Droits de la Vie. Pour lui, l’Assemblée nationale se soumet aux revendications d’une seule association.

Cette mesure imposée sans débat préalable cible les femmes les plus vulnérables, alors que l’avortement à domicile est justement déconseillé pour celles qui sont jeunes, seules ou particulièrement vulnérables. Cette mesure vient contredire l’expérience de la plupart des professionnels et des centres de planification.

L’Alliance pour les Droits de la Vie demande au Sénat le retrait de cette mesure dangereuse qui aggrave la solitude des femmes devant faire face à des grossesses imprévues, et les expose à de nouveaux risques sanitaires."

images-copie-12.jpegIl s'agit bien, pour le gouvernement, de banaliser un médicament et un acte, qui doit pouvoir s'effectuer comme le fait d'acheter des bonbons : délivrance en supermarché et utilisation libre et personnelle, à laquelle la société est indifférente. Le problème de cette approche matérialiste (marxiste ?) du problème est qu'elle nie l'aspect humain de ces questions. Le médecin n'est pas simplement un parasite vivant aux frais de la sécurité sociale, qui ne risque que de mettre un frein moral à l'utilisation d'une technique à laquelle on a le droit - voire peut-être le devoir - de recourir. Il est aussi quelqu'un de confiance avec qui la personne qui entend effectuer cet acte douloureux peut en parler et être ainsi accompagnée. Mais cela n'a que peu de poids en matière comptable !

(2) Or, cette préoccupation n'est pas sans faire écho à la lettre adressée par Benoît XVI au congrès des pharmaciens catholiques le 29 octobre dernier :
"Monsieur le Président,
Chers Amis,

Je suis heureux de vous accueillir, vous les membres de Congrès international des Pharmaciens catholiques, à l’occasion de votre vingt-cinquième Congrès, qui a pour thème: «Les nouvelles frontières de l’acte pharmaceutique». Le développement actuel de l’arsenal médicamenteux et des possibilités thérapeutiques qui en découlent nécessite que les pharmaciens réfléchissent sur les fonctions de plus en plus larges qu’ils sont appelés à avoir, en particulier en tant qu’intermédiaires entre le médecin et le patient ; ils ont un rôle éducatif auprès des patients pour un usage juste de la prise médicamenteuse et surtout pour faire connaître les implications éthiques de l’utilisation de certains médicaments. Dans ce domaine, il n’est pas possible d’anesthésier les consciences, par exemple sur les effets de molécules ayant pour but d’éviter la nidation d’un embryon ou d’abréger la vie d’une personne. Le pharmacien doit inviter chacun à un sursaut d’humanité, pour que tout être soit protégé depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, et que les médicaments remplissent véritablement leur rôle thérapeutique. D’autre part, nulle personne ne peut être utilisée, de manière inconsidérée, comme un objet, pour réaliser des expérimentations thérapeutiques; celles-là doivent se dérouler selon des protocoles respectant les normes éthiques fondamentales. Toute démarche de soin ou d’expérimentation doit avoir pour perspective un éventuel mieux-être de la personne, et non seulement la recherche d’avancées scientifiques. La poursuite d’un bien pour l’humanité ne peut se faire au détriment du bien des personnes traitées. Dans le domaine moral, votre Fédération est invitée à affronter la question de l’objection de conscience, qui est un droit qui doit être reconnu à votre profession, vous permettant de ne pas collaborer, directement ou indirectement, à la fourniture de produits ayant pour but des choix clairement immoraux, comme par exemple l’avortement et l’euthanasie.

Il convient aussi que les différentes structures pharmaceutiques, des laboratoires aux centres hospitaliers et aux officines, ainsi que l’ensemble de nos contemporains, avaient le souci de la solidarité dans le domaine thérapeutique, pour permettre un accès aux soins et aux médicaments de première nécessité de toutes les couches de la population et dans tous les pays, notamment pour les personnes les plus pauvres.

En tant que pharmaciens catholiques, puissiez-vous, sous la conduite de l’Esprit saint, puiser dans la vie de foi et dans l’enseignement de l’église les éléments qui vous guideront dans votre démarche professionnelle auprès des malades, qui ont besoin d’un soutien humain et moral pour vivre dans l’espérance et pour trouver des ressorts intérieurs qui les aideront au long des jours. Il vous revient aussi d’aider les jeunes qui rentrent dans les différentes professions pharmaceutiques à réfléchir sur les implications éthiques toujours plus délicates de leurs activités et de leurs décisions. Pour une telle démarche, il importe que se mobilisent et se rassemble l’ensemble des professionnels catholiques de la santé et les personnes de bonne volonté, pour approfondir leur formation non seulement sur le plan technique, mais aussi en ce qui concerne les questions de bioéthique, ainsi que pour proposer de telles formations à l’ensemble de la profession. L’être humain, parce qu’il est image de Dieu, doit toujours être au centre des recherches et des choix en matière biomédicale. De même, le principe naturel du devoir d’apporter des soins au malade est fondamental. Les sciences biomédicales sont au service de l’homme ; si tel n’était pas le cas, elles n’auraient qu’un caractère froid et inhumain. Tout savoir scientifique dans le domaine de la santé et toute démarche thérapeutique sont au service de l’homme malade, considéré dans son être intégral, qui doit être un partenaire actif de ses soins et respecté dans son autonomie.

En vous confiant, ainsi que les malades que vous êtes amenés à soigner, à l’intercession de Notre-Dame et de saint Albert le Grand, je vous accorde, ainsi qu’à tous les membres de votre Fédération et à vos familles, la Bénédiction apostolique."

Le Saint Père insiste ainsi clairement sur le respect du droit des professionnels à l'objection de conscience - que l'on admet aisément pour les journalistes mais que certains contestent alors qu'il est question d'éthique sur des sujets bien plus déterminants ! - et sur le devoir particulier d'humanité des professionnels de santé : l'écoute, le conseil, la mise en garde sur les enjeux physiques (qui est admise sans problème par le matérialisme ambiant) mais aussi morale (qui ne l'est pas) sont indispensables.

    Mme Bachelot n'est manifestement pas préoccupée de telles nébulosités conservatrices... Mais l'on pourrait peut-être se demander pourquoi le taux de suicide est si élevé dans notre Europe matérialiste !
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