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Appel des évêques américains : la responsabilité des chrétiens dans leur vie de citoyen (IV)

 

    Nous poursuivons ici (cf.) la publication et la traduction de l’appel lancé par les évêques des Etats-Unis aux fidèles de leurs diocèses pour les sensibiliser à la réalité morale de l’engagement politique et les encourager à s’y investir en tant que catholiques. Ils insistent ici sur le caractère “vertueux” de cet engagement, en soulignant l’importance d’agir selon une conscience bien formée, par l’exercice de la vertu de prudence, et la nécessité d’éviter le mal moral. Condamnant toute atteinte volontaire à la vie ou à la dignité d’êtres humains innocents, légale ou non, ils soulignent qu’il appartient aux catholiques de les combattre, tout en rappelant que la poursuite d’une fin bonne ne justifie jamais le recours à des moyens mauvais – allusion sans doute au combat de certains mouvements “pro-vie” qui outrepassent les limites de ce qui est moralement acceptable.

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Comment l'Eglise aide-t-elle les fidèles catholique

à s'exprimer sur les questions politiques et sociales ?

 
Une conscience droite

17. L'Eglise prépare ses membres à aborder les questions politiques et sociales en les aidant à développer une conscience droite. Les catholiques ont, tout au long de leur vie, la grave obligation de former leur conscience en conformité avec la raison humaine et l'enseignement de l'Eglise. La conscience n'est pas quelque chose qui permet à chacun de justifier tout ce qu’il veut faire, pas plus qu’une simple intuition de ce qu’il conviendrait ou non de faire. Non, la conscience est la voix de Dieu qui résonne dans le cœur humain, qui nous révèle la vérité à et nous appelle à faire ce qui est bon et à éviter ce qui est mal. La conscience exige toujours de sérieux efforts pour prendre de bonnes décisions morales fondées sur les vérités de notre foi. Ainsi que l’a définie le Catéchisme de l'Eglise catholique, « La conscience morale est un jugement de la raison par lequel la personne humaine reconnaît la qualité morale d’un acte concret qu’elle va poser, est en train d’exécuter ou a accompli. En tout ce qu’il dit et fait, l’homme est tenu de suivre fidèlement ce qu’il sait être juste et droit » (n° 1778).

18. La formation de la conscience comprend plusieurs éléments. Tout d'abord, le désir d'embrasser ce qui est bien et ce qui est vrai. Cela suppose, pour les catholiques, une volonté ouverte sur la recherche de la vérité et de la justice par l’étude de l'Ecriture Sainte et de l'enseignement de l'Eglise tel qu’il exprimé dans le Catéchisme de l'Eglise catholique. Il est également important d'examiner les faits et les informations de base qui concernent les différents choix à opérer. Enfin, une réflexion nourrie dans la prière est indispensable pour discerner la volonté de Dieu. Les catholiques doivent également comprendre que s’ils manquent à former leur conscience ils s’exposent à émettre des jugements erronés (1).

 
La vertu de prudence

19. L'Eglise favorise la formation de consciences droites non seulement en enseignant la vérité morale, mais aussi en encourageant ses membres à développer la vertu de prudence. La prudence nous permet de « discerner en toute circonstance notre véritable bien et à choisir les justes moyens de l’accomplir » (Catéchisme de l'Église catholique, n° 1806). La prudence façonne et éclaire notre capacité à délibérer entre des alternatives possibles, afin de déterminer ce qui est le mieux adapté à un contexte spécifique, et à l’accomplir résolument. L’exercice de cette vertu requiert souvent le courage de défendre des principes moraux quand il s’agit de prendre des décisions relatives à l’édification d’une société juste et pacifique.

20. L'enseignement de l'Eglise est clair sur ce point : la poursuite d’une fin bonne ne justifie pas la mise en œuvre de moyens immoraux. Nous recherchons tous à favoriser le bien commun en défendant la sainteté inviolable de la vie humaine depuis la conception jusqu'à la mort naturelle, en défendant le mariage, en nourrissant les affamés et en apportant un logement aux sans-abri, en accueillant les immigrants et en protégeant l'environnement – mais il est important de reconnaître que toutes les possibilités d'action ne sont pas moralement acceptables. Nous avons la responsabilité de discerner avec soin les politiques publiques qui sont moralement saines. Les catholiques peuvent choisir différents moyens de répondre à la l’irruption de problèmes sociaux, mais nous ne pouvons pas nous soustraire à notre obligation morale d'aider à construire un monde plus juste et plus pacifique par des moyens moralement acceptables, de telle sorte que les personnes faibles et vulnérables soient protégées et que les que soient défendus leurs droits humains et leur dignité.

Faire le bien et éviter le mal

21. Aidés par la vertu de prudence dans l'exercice d’une conscience droite, bien formée, les catholiques sont appelés, dans le domaine politique, à porter des jugements pratiques relatifs à des choix bons ou mauvais.

22. Il y a certaines choses que nous ne devons jamais faire, soit comme individus, soit comme société, parce qu’elles sont toujours incompatibles avec l'amour de Dieu et du prochain. De tels actes sont si profondément viciés qu'ils sont toujours contraires au bien authentique des personnes. Ces actes sont dits “intrinsèquement mauvais”. Ils doivent toujours être rejetés et combattus et ne doivent jamais être soutenus ou tolérés. L’atteinte intentionnellement portée à la vie d’êtres humains innocents, comme dans l’avortement et l'euthanasie, en est un exemple typique. Dans notre pays, « l'avortement et l'euthanasie sont devenus de graves menaces pour la dignité humaine parce qu'ils attaquent directement la vie elle-même, le bien le plus fondamental de la personne humaine et la condition de tous les autres
» (Vivre l'Evangile de la vie, n°5). C'est une erreur aux graves conséquences morales de considérer la destruction de la vie humaine innocente comme une simple affaire de choix personnel. Un système juridique qui viole le droit fondamental à la vie en le ramenant à de tels choix est fondamentalement vicié.

23. De même, les atteintes directes à la dignité et au caractère sacré de la vie humaine, comme le clonage humain et la recherche destructive sur des embryons humains, sont également intrinsèquement mauvaises. Elles doivent toujours être combattues. Les autres agressions directes sur la vie humaine innocente et les violations de la dignité humaine, comme le génocide, la torture, le racisme, et le ciblage des non-combattants dans des actes de terreur ou de guerre, ne peuvent jamais être justifiés.

(à suivre)

 

______________

(1) « L’ignorance du Christ et de son Évangile, les mauvais exemples donnés par autrui, la servitude des passions, la prétention à une autonomie mal entendue de la conscience, le refus de l’autorité de l’Église et de son enseignement, le manque de conversion et de charité peuvent être à l’origine des déviations du jugement dans la conduite morale. » (Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 1792).

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O
un site vraiment extraordinaire !!Merci et Continuez !
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