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Message de Noël de Mgr Chafik (Recteur de la Mission N.D.d’Egypte à Paris)

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"Chers amis,

Partout de par le monde, les chrétiens s’apprêtent à célébrer Noël. Ici, en Occident, où les festivités profanes occultent trop souvent et dénaturent par leurs excès la fête de l’Emmanuel. Là-bas, en Orient, où le temps de la Nativité a cette année encore la couleur du deuil : un mur coupe en deux la Terre Sainte, le Liban se déchire, l’Irak est un champ de ruines et l’Égypte pleure sa convivialité perdue. N’est-ce pas à désespérer ?

Ce le serait si une étoile ne s’était levée, dissipant de sa clarté opalescente la nuit sombre de notre impuissance. Si elle ne nous avait conduits, du fin fond de l’Orient, jusqu’à la crèche où repose l’Infiniment-Petit, l’Infiniment-Fragile, le Divin Enfant que nous adorons ; ce Dieu qui s’appelle Amour et qui, avec la foi et la charité, nous dispense la plus improbable, la plus folle des vertus, l’espérance.

Quelle est-elle cette espérance qui, comme l’écrit le Saint Père dans  l’Encyclique « Spe salvi » , nous ouvre toute grande “la porte obscure du temps“ ? . Elle est , par delà les blessures et les déchirures, la certitude que le ciel n’est pas vide, que la vie a un sens et que nous sommes aimés; la tendre assurance qui adoucit nos larmes et berce nos angoisses; la grande merveille de la grâce divine, la confiance sans faille qui nous soutient et nous transforme. Aux antipodes de l’optimisme candide, de l’attentisme facile, elle mobilise nos forces vives: notre intelligence, si l’intelligence consiste à s’adapter aux situations inextricables dans lesquelles nous enferme la vie ; notre  volonté, la volonté d’inventer le chemin quand il n’ y a plus de chemin et qu’on se sait attendu.

C’est ce message d’espérance active que nous a apporté en septembre dernier notre patriarche Antonios Naguib. Il nous a exhortés à devenir pleinement nous-mêmes, pour mieux nous intégrer; à demeurer, au sein de l’Eglise catholique de France, profondément coptes et profondément catholiques; à accepter sans avoir peur l’inévitable - que nos jeunes se déprennent de notre langue, de certaines de nos coutumes -, comme à refuser l’inacceptable- que se perde, que se dissolve dans la société de consommation le trésor de spiritualité dont nous sommes les dépositaires.

Si les migrants espèrent qu’ailleurs la vie sera meilleure, qu’espèrent leurs frères restés au pays ? Qu’espèrent, contre tout espoir, les Maronites, les Chaldéens, les Coptes, les Syriens, tous ces chrétiens attachés à l’Evangile en terre d’Islam? Et d’abord combien sont-ils ? Une infime minorité perdue, noyée dans le monde musulman. Oui, “Quel avenir pour les chrétiens d’Orient ?” Le colloque organisé en novembre par l’EPHE et auquel participait Mgr Golta n’a pas tranché.

Et si l’essentiel était ailleurs, ailleurs que dans les chiffres, ailleurs que dans les statistiques ? S’il était dans cette espérance qui fait vivre “le petit reste”, l’Eglise éternellement renaissante des catacombes ? L’espérance sait qu’il n’y a pas de fatalité, que c’est le Seigneur lui-même qui mène l’histoire et que, jamais, Il n’oublie son Alliance. Telle est l’assurance, insensée, seule sensée, de l’espérance qui, quand c’est à pleurer, croit que tout ira mieux demain.

A la suite du colloque, j’ai rédigé un article “La laïcité est-elle possible en Egypte ?“, qui m’a valu un très nombreux courrier, expression du lien d’amour qui unit les chrétiens de France aux chrétiens d’Orient. Des chrétiens dont nous devons soutenir l’espérance. Voilà pourquoi des paroissiens de Saint François de Sales se préparent à vivre la Pâques avec leurs frères coptes quand d’autres partiront, un peu plus tard, pour la Terre Sainte.

L’espérance est dans le regard patient, fervent qui fait éclore l’impossible, dans cette infinité de signes, semés par le Seigneur, qu’elle nous apprend à déchiffrer à la lumière des béatitudes. Comme les calendriers de l’Avent révèlent jour après jour aux enfants enchantés leurs images cachées, ainsi nous fait-elle entrevoir à chaque instant de notre vie le bonheur annoncé.

Que notre ordinaire Monseigneur Vingt-Trois ait été fait cardinal est, dans la proximité ainsi réaffirmée du diocèse de Paris avec Rome, signe d’espérance ; tout comme les 25 ans de sacerdoce de notre curé
(de la paroisse Saint François de Sales à Paris), le père Pascal Gollnisch, expert dans l’art de conjuguer espérance et volonté féconde. Et que dire des noces d’or, fêtées ce printemps, du père Decogné avec l‘Eglise ?

Oui, « la petite fille espérance » n’en finit pas de courir sur les chemins raboteux du monde. Joyeux Noël et Bonne Année en sa douce compagnie !
"

+ Mgr Michel Chafik
Recteur de la Mission N.D.d’Egypte

P.S. : Chaque dimanche, messe copte à 11h en la chapelle « Notre Dame d’Égypte ».
15, rue Philippe de Girard - Paris 10ème. Métro : la Chapelle.
 
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