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Etre ministre de l'Intérieur et être croyant

JorgeFernandezDiaz.jpgLe nouveau ministre de l'Intérieur espagnol, M. Jorge Fernández Díaz, explique sa rencontre avec la foi. Ont influé sur sa vie spirituelle Messori, Henry Newman, sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et saint Augustin.

 

Cet entretien a été réalisé il y a deux ans par le directeur du séminaire Alba, Gonzalo Altozano. Il est l'un des cent-un entretiens contenus dans le livre “Il n'est pas bon que Dieu soit seul” (Ciudaleda), livre qui a connu une grande diffusion ces dernières semaines et qui devient un véritable best-seller : en deux mois, 17 000 exemplaires ont été vendus.

 

Lien : AGEA.NET

 

 

Dans son bureau du Congrès des Députés, un très grand tableau de saint Thomas More, auquel Jean-Paul II avait demandé aux politiciens de se recommander pour obtenir force, patience, persévérance et bonne humeur. Fernández Díaz est de ceux-là, malgré son sérieux (…). Ceux qui le connaissent bien disent que le Jorge d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celui d'avant. Lui-même parle de conversion.

 

- Votre conversion fut-elle du genre de celle saint Paul ou de celle de saint Augustin ?

- Toutes proportions gardées, elle fut plus augustinienne que paulinienne, en ce sens qu'elle ne fut pas instantanée, car j'y ai résisté beaucoup.

 

- Vous veniez de l'athéisme ?

- Non.

 

- De l'agnosticisme ?

- Non plus. Je ne niais pas Dieu, je vivais simplement comme s'il n'existait pas, pour ne me souvenir de Lui que dans les moments difficiles. J'étais ce qu'on appelle un catholique non pratiquant.

 

- N'est-ce pas une contradiction ?

- Si, en effet. Mais je vivais cette contradiction. Ma foi était une foi morte parce que c'était une fois sans les œuvres.

 

- Qu'est-ce qui a changé tout cela ?

- La conviction profonde de ce que ma vie n'avait de sens qu'à la lumière de Dieu. A partir de ce moment-là, Il a commencé à prendre plus de place dans ma vie. C'est en ce sens que je parle de conversion.

 

- En quoi consiste votre vie avec Dieu ?

- Disons que mon plan de vie est très proche de la spiritualité de l'Opus Dei : aller à la messe tous les jours, prier le chapelet, faire un temps d'oraison, un autre de lecture spirituelle...

 

- Vous lisez beaucoup ?

- Oui, beaucoup. Au travers de ma conversion je me suis rendu compte que le déficit de ma formation religieuse, morale et éthique était important. Il m'a fallu rattraper le temps perdu, ce à quoi la lecture m'a aidé.

 

- Quel est l'auteur qui vous a le plus marqué ?

- Ils sont nombreux, mais si je ne devais en retenir qu'un seul, ce serait Vittorio Messori, auquel m'unissent tant de choses. Le providentialisme, par exemple. Messori analyse les événements en tenant compte de ce que Dieu est le Seigneur de l'histoire, du temps, de la chronologie. Ce type de vision des faits, qui se rattache à la théologie de l'histoire, m'attire également beaucoup.

 

- Et le livre ?

- J'en retiendrais trois, bien qu'il y en ait beaucoup plus. “Le retour de l'enfant prodigue”, de Henry Newman, “L'histoire d'une âme”, de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, et les “Confessions” de saint Augustin. Je les ai lus la première fois en 1997.

 

- C'est l'année de votre retour ?

- 1997 est l'année où le Seigneur m'a dit : « Nous en sommes arrivés là. Soit tu avances, soit tu meures ». Mais mon chemin de retour a commencé en 1991.

 

- Six ans plus tôt.

- J'ai déjà dit que ma conversion avait été plus augustinienne que paulienne, j'ai eu besoin de beaucoup prier.

 

- Que s'est-il passé en 1991 ?

- Je me trouvais en voyage officiel au Etats-Unis, invité par le Département d'Etat. Lors d'un week-end, nous avons été conduits à Las Vegas. Là, par l'intermédiaire d'un grand ami, qui fut sans aucun doute un instrument de sa providence, Dieu est venu manifestement à ma rencontre. En m'en souvenant, je pense aux mots de saint Paul : « Là où le péché abonde, la grâce surabonde ».

 

- Vous dites cela pour vous-même ou pour Las Vegas ?

- Je le dis pour moi, et je le dis pour Las Vegas.

 

- Est-il facile de vivre en présence de Dieu au Congrès des Députés ?

- Bien qu'apparemment nous lui ayons fermé la porte, et que parfois nous ne voulions ni le voir, ni l'écouter, j'ai l'intime conviction que Dieu est très présent au Congrès. Les Assemblées (Cortes) sont l'organe législatif de l'Etat, et Dieu le grand législateur de l'univers.

 

- Comment vivez-vous la politique ?

- Comme un magnifique champ d'apostolat, de sanctification et de service des autres, comme ma vocation personnelle, spécifique, le lieu où Dieu veut que je sois. Pour un catholique, se consacrer à la politique, ici et maintenant, est un défi passionnant.

 

- Et comment la viviez-vous avant ?

- Comme une activité qui me passionnait. Mais j'étais installé dans le relativisme, et lorsqu'il n'y a aucune conviction, tout est calcul politicien et intérêts de partis.

 

- Etes-vous à l'aise au Parti Populaire ?

- Mon parti est un parti dans les valeurs duquel l'humanisme chrétien occupe une place importante. Oui, je m'y sens bien.

 

- Un peu plus tôt, vous parliez de providentialisme. Ne croyez-vous pas au hasard ?

- Dans la vie, les choses ne se produisent pas par elles-mêmes, ni  grâce à des amis, ni par ce que chacun doit à son intelligence. Tout cela, ce ne sont que des causes secondes, des médiations humaines qui, respectant la liberté de chacun, répondent aux desseins de Dieu. Pour en revenir à saint Augustin, et, à nouveau, toutes proportions gardées, si je pense aux événements qui se sont succédés avant ma conversion, je peux dire ce que disait le Docteur d'Hippone dans ses “Confessions” : « Ah, Seigneur, c'était donc toi ».

 

 

 

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